A Toulon (Palais des Sports) HTV bat Chartres 71 à 69 après prolongation (mi-temps 26-27, 58-58)
(18-15, 8-12, 11-16, 21-15, 13-11)
Arbitres : MM. Sahraoui et Malphettes
2000 spectateurs
HTV : Lefebvre (8), Eugène 13), Knezevic (13), Losser (6), Greenwood (16), Jean (3) Simon (3), Mintogo (5), Baradji (3), Cumberbatch (1)
19 tirs réussis sur 58 tentés dont 9 sur 25 à 3 points - 29 rebonds - 24 LF réussis sur 34 tentés - 12 balles perdues
Coach : Jean-Louis Borg assisté de Gaëtan Etienne
Chartres : Pellin (8), Doumbia, Thevenard, Kouguere (15), Hippolyte (12), Wright (10), Prost (4), Mukuna (4), Offurum (10), Fortas (6)
23 tirs réussis sur 56 tentés dont 5 sur 22 à 3 points - 46 rebonds - 18 LF réussis sur 23 tentés - 22 balles perdues
Coach : Moatassim Rhennam assisté de Guillaume Lepage
A quoi tient le score final d’un match de basket ? A quoi tient la folie d’une fin de saison où toutes les portes du paradis sont encore ouvertes ? A quoi tient le plaisir de supporter une équipe animée d’une telle fureur de vivre ? A quoi tient le degré d’incandescence d’un Palais des Sports toulonnais transformé en chaudron ? A quoi tient l’ambiance d’un vestiaire varois dont les murs ont tremblé de joie ? A quoi tiennent les sentiments de quelques uns qui ont hurlé de bonheur quand d’autres avaient les yeux bien humides ?
A tout et à presque rien à la fois ! A une passe réussie de Lefebvre ou Jean englués dans une défense où tous les coups même foireux étaient permis (merci les arbitres), à un rebond gobé dans la tempête, à un contre d’un Eugène ou d’un Greenwood plus guerriers que jamais, à quelques sacrifices défensifs encore plus décisifs que dans les matches qui comptent pour du beurre, à quelques aides à des copains enrhumés parfois par un jeu de passe de Chartres parfaitement huilé, à une volonté de fer qui permet de revenir de tout alors que la partie semble filer entre les doigts…
Le HTV est passé par toutes les émotions. Et son magnifique public retrouvé (2000 supporters touchés par la fièvre du vendredi soir), avec lui.
Il fallait avoir le coeur bien accroché pour encaisser un tel scénario. Arc-bouté sur une défense en or massif qui fait sa fierté et qui est sa marque de fabrique, le HTV bégayait son basket en attaque en début de rencontre. Seul Mo Greenwood parvenait à trouver des solutions. Losser acceptait le combat mais perdait de sa lucidité sous le cercle. Les artilleurs désignés (Eugène, Knezevic, Mintogo, Cumberbatch) avaient les mains moites et tremblantes. Les meneurs étaient troublés par une défense tout terrain agressive. Le HTV cherchait des solutions sans les trouver.
Sur le banc, en rage comme jamais, coach Borg se creusait les méninges et multipliait les changements. Rien n’y faisait.
Au basket, il faut rentrer les tirs et bien défendre. Le reste n’est que littérature.
Depuis quelques rendez-vous, il faut faire son deuil d’un basket champagne d’attaque. La première des raisons c’est que le niveau de l’adversité est monté de plusieurs crans. Que les vidéos et les observations tournent à fond et que l’effet de surprise n’existe plus. Le deuxième raison est que l’infirmerie a abimé le collectif. Quoi de plus normal ? L’équipe se trouvait les yeux fermés, enchainait les systèmes au millimètre, avait saisi la philosophie de Bozidar Borg ! Quand deux joueurs extérieurs arrivent en urgence (Mintogo et Cumberbatch), c’est compliqué de garder la même idée sans reprocher quoi que ce soit aux deux garçons. Le petit dixième perdu dans les démarquages, la moindre hésitation dans les circuits et c’est le début de la peine. Heureusement que la somme de travail colossale demandée par le staff gomme vite ces imperfections. Et quand on parle du staff on n’oublie pas Pierre Charles le préparateur physique un des responsables de l’énergie déployée.
Alors il faut se contenter de cette admirable débauche d’envie et accepter l’imperfection. Admirer la bagarre, le combat. Dans les tribunes le peuple toulonnais aime ça. Comme à Mayol. Sébastien Bruno et Camille Traversa, deux icônes du monde de l’Ovalie n’étaient pas les derniers à accepter le spectacle proposé.
La rencontre est toutefois à deux doigts et une poignée de tirs d’échapper aux partenaires de Max Eugène. Chartres a creusé un petit écart (52-45). La messe de Pâques est dite ? Non ce n’est pas encore l’heure des oeufs ni des cadeaux. Eugène et Knezevic trouvent enfin la mire à longue distance pour recoller à 51-52.
Dans la furia d’une fin de match haletante, Chartres ne baisse pas les bras à l’image du petit meneur de jeu Pellin qui en connait un rayon à 36 ans mais qui laisse quelques lancers capitaux. Le ton monte entre le placide Greenwood et le « rebelle » Hippolyte. Mo en a vu d’autres. Tout se joue au point près. Comment se sortir du piège et d’un arbitrage parfois curieux dans les deux sens ? C’est l’heure du sacrifice où ceux qui en ont vont faire la décision. Lefebvre pénètre et inscrit ses lancer-francs. Va même chercher un rebond dans les cintres du palais.
Borg fait confiance au cinq de la saison pour colmater les brèches et faire naitre l’impossible. Losser remet les siens à un point (57-58). Sur la ligne sans trembler dans un exercice qui n’est pas son préféré. Il reste quelques secondes à jouer. Chartres a tous les atouts dans sa manche mais la défense de plomb du HTV lui faire perdre un ballon décisif.
Knezevic obtient 2 lancer-francs en attaquant le panier. Il reste une seconde à jouer et deux dixièmes ! Un point de retard, le miracle est en route. Le Serbe manque le premier mais offre la prolongation avec le second (58-58) !
Dans ce genre de scénario, l’équipe qui revient de nulle part finit par s’envoler. Le HTV ne se chauffe pas de ce bois-là. Il va encore se compliquer la vie. « Finalement, dans ce match, confie un Gaëtan Etienne épuisé, on revient deux fois. A la fin et dans la deuxième partie de la prolongation. C’est incroyable. Je ne sais pas où les garçons vont chercher ça mais c’est admirable. »
A 60-65 le palais hurle et joue son rôle.
C’est « le» moment de Nikola Knezevic. Les Serbes, les Yougoslaves avant eux ont ce supplément d’âme dans le monde sportif. Une froideur clinique. L’oeil du tigre. De deux missiles à trois points il envoie Chartres dans les cordes. Le palais prend feu. Le banc est debout. Le staff hurle. L’atmosphère est géniale. Le HTV a retrouvé son club !!!
68-65, il faut se pincer en regardant le tableau d’affichage. Eugène vole un dernier ballon. Deux derniers coups de sifflet délicats en faveur de Chartres, un coup de balai du jeune Lorenzo, deux lancers de Pellin (68-67), la peur gagne, il reste 27 secondes à jouer. Knezevic met un lancer sur deux. Pellin égalise à 69 - 69. Va-t-il nous refaire le coup du match aller ? Knezevic prend ses responsabilités, pénètre et marque. 71-69.
Le couvercle du palais saute ! Coach Borg félicite son groupe. « Ils ont été grands dans la douleur. Ils ont répondu à une très bonne équipe de Chartres qui nous a fait mal physiquement. Ils y ont crû jusqu’au bout. C’est vraiment une belle victoire qui peut nous permettre d’espérer encore pendant 4 matches. Et quel plaisir de retrouver un tel public ! »
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les défaites d’Avignon chez lui contre Quimper et surtout de Caen à Tarbes offrent de nouveau le fauteuil de leader au HTV. Bonheur absolu. Tarbes justement que le HTV va visiter mardi soir pour un des derniers sommets de la saison.
Les résultats
HTV - Chartres 71 - 69
Andrézieux - Tours 69 - 70
Avignon - Quimper 71 - 73
Tarbes - Caen 65 - 59
Saint-Vallier - Loon 86 - 60
Le classement
1 - HTV 9 victoires 5 défaites
2 - Avignon 9 - 5
3 - Caen 8 - 6
4 - Chartres 7 - 7
5 - Tours 7 - 7
6 - Tarbes 7 - 7
7 - Andrézieux 6 - 8
8 - Tours 6 - 8
9 - Saint-Vallier 6 - 8
10 - Loon 4 - 10
La prochaine journée (mardi 2 avril)
Tarbes - HTV
Chartres - Andrézieux
Loon - Caen
Quimper - Saint-Vallier
Tours - Avignon
Mathieu Perrymond (président) : « Un groupe d’hommes ! »
« Quelle soirée ! Ces matches sont un ascenseur émotionnel incroyable. A un moment tu crois que tout est perdu, qu’on est dans le noir et tout à coup la lumière revient ! Tout le monde exulte et communie. On vit tous des bons moments individuellement mais là, partager comme ça, c’est génial. Les planètes s’alignent ce soir avec les autres résultats mais on sait très bien que rien n’est acquis. On va à Tarbes dès mardi et on sait que tout recommence. Chaque match est une nouvelle aventure. On sait d’où on revient et on n’avait jamais envisagé de vivre tout de suite de tels moments. C’est fabuleux. Quoiqu’il arrive, la saison est réussie. Laissez moi vous confier un sentiment : bien au-delà de la réussite sportive, ce qui me touche c’est qu’on a vu éclore un groupe d’hommes ! Ils reviennent souvent de nulle part et ce n’est pas un hasard quand cela se répète. Plus qu’une équipe, ce HTV est devenu une famille. C’est ma fierté, notre fierté. Dans quelques semaines, dans un an, dans cinq ans, on se dira qu’on a vécu ça ensemble et créé ça. Je suis très ému en disant cela ! »
Quentin Losser : « Une soirée de dingues ! »
« C’est une soirée un peu folle qui nous ressemble ! Elle me plaît beaucoup car j’aime ces ingrédients.On ne lâche rien. C’est dur mais c’est bon ! Depuis le début, c’est comme ça et finalement on s’habitue. On sait que l’on n’est jamais battu et qu’il y aura toujours une étincelle. C’est notre esprit, notre âme. »
Igor Mintogo : « J’ai rarement vu ça !"
« Quelle énergie, j’ai rarement connu ça. On est dans l’esprit de ce club. Ce n’est pas toujours beau ce que l’on propose mais au moins on se bat et la combativité est au rendez-vous. Cela fait chaud au coeur d’appartenir à ce collectif. On peut aller loin. Qui sera le premier à faire le faux-pas ? On fera tout pour que ce ne soit pas nous. Je n’avais qu’un souci en signant ici : retrouver vite mon niveau et ne pas être le joker qui va faire perdre l’équipe. Quand tu prends l’aventure en route, c’est toujours compliqué. Mais, il y a une telle mentalité que ce n’est que du bonheur. Merci les copains ! »
Max Eugène : « Quel public ! »
« Cette victoire nous fait un bien fou. En plus devant un public extraordinaire. Tout est compliqué mais on est vraiment une équipe de revanchards qui part de loin mais qui sortira toujours la tête de l’eau. Il y a vraiment du caractère dans ce groupe. Je ne veux pas m’emballer mais… le destin est peut-être en train de s’écrire. »
Nikola Knezevic : « Je devais ça à l’équipe ! »
« Douter ce n’est pas dans mon ADN. J’avoue que pendant longtemps ce n’était pas mon match, mon soir. Mais après il faut retrouver la confiance. Quand je manque un lancer franc qui peut nous offrir la victoire en fin de match, je me dis que c’est dommage mais qu’il faut finir le travail. Je n’ai mis que quelques secondes à m’en remettre. Après il y a des regards, des gestes des copains qui me disent qu’ils comptent toujours sur moi. Le coach aussi me fait confiance et me pousse à prendre les responsabilités. Quand il y a tout ça, tu ne peux que répondre. Que c’est bon… »
Théo Lefebvre : « Je suis heureux pour tout le monde ! »
« Quel soulagement ! Quel bonheur ! Quel moment d’exception ! Je suis heureux pour l’équipe, pour le club, pour les supporters. Ce match, c’est le reflet de la saison. Des hauts, des bas et une vraie attitude. On souffre, on s’adapte, on laisse de la gomme mais on répond. Chartres est une vraie équipe. Jouer Pellin les yeux dans les yeux est une marque de confiance de la part du coach qui m’a chauffé là-dessus ! Maintenant tout est ouvert et on a de nouveau notre destin entre les mains. Cela n’a pas de prix. »
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