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Yves MERENS

Mathis Keïta, passion basket




C’est délicat d’intégrer une équipe touchée par la grâce, une bande de potes qui ne revient de nulle part, qui marche sur l’eau, qui part pour jouer le maintien, qui écrase son championnat, qui monte au niveau professionnel (Pro B) alors que personne ne l’attendait ! Le tout dans une ambiance indescriptible et un partage festif.


C’est ce cas de figure assez original que vient de connaitre l’expérimenté Mathis Keïta pourtant fort d’une carrière XXL. Le natif de Roubaix ne pensait peut-être pas que ce groupe s’était forgé un caractère spécial, que des liens incroyables s’étaient créés entre quelques « laissés pour compte », qu’un pacte peut-être inconscient avait été scellé entre eux et que tout nouvel arrivant serait regardé avec un brin de circonspection voire un peu de méfiance.


Avait-il aussi bien mesuré qu’un certain Jean-Louis Borg, coach connu et reconnu, réclamait une exigence de tous les instants, un respect total de ses consignes et des efforts comme on en fait de moins en moins avec les années qui passent dans un basket plus spectaculaire et bling bling que travailleur et besogneux ?


Mathis est arrivé avec son histoire, sa formation au Centre fédéral, ses quatre ans d’Université aux Etats-Unis et sa carrière en forme de tour de France. Evreux, Gravelines, Roanne, Poitiers, Nancy, Reims comme autant d’étapes où la réussite a souvent été au rendez-vous. Des sélections en U16, en U18, des stages en U20 et même un beau maillot bleu en A’. Une vie comme un bonheur. Une vraie trace. Un bilan. Une fierté. Une reconnaissance.


Des titres de champion de France de Pro B, une finale de play-off, des montées, une seule ombre au tableau : jamais la porte de l’élite ne s’est ouverte. « Jamais au bon endroit au bon moment » dit-il avec philosophie mais aussi une pointe de regret.

Neveu d ‘Amadou Keïta joueur reconnu et aujourd’hui agent, son père a joué aussi à un excellent niveau notamment à Berck un nom qui sonne bien aux oreilles des amoureux de basket (un peu âgés !). Mathis ne pouvait échapper à son destin de fréquenter le monde de la balle orange. Comme souvent dans ce sport, une histoire de famille.


Meneur de jeu atypique, 1m93 sous la toise, il a bousculé les codes pour imposer « sa » création et sa façon de voir les choses et de mener les combats. Passeur et finisseur, animateur et capable de conclure, il n’est pas dans la droite ligne des patrons traditionnels du jeu même si les temps modernes offrent de plus en plus d’opportunité à des « grands » d’occuper le poste 1.


Mathis a donc vécu cette nouvelle expérience en marchant sur des oeufs. Après une préparation idyllique et des résultats formidables, il a été emporté comme toute l’équipe par une tornade de cinq défaites. Un tsunami. Une tempête. L’instant des premiers doutes.

Plus qu’un autre et comme Théo Lefebvre son alter égo, il a souffert de l’absence de relais. De la non réussite de Ike Nweke présenté comme un pivot de classe. Il n’a pas trouvé non plus une relation fiable avec l'ailier Kayem Cleary empoisonné et handicapé par ses blessures, par le manque de réussite de Junior Ouattara et par la neutralité de Noé Botuli. Et l’absence de Maxim Eugene était lourdement ressentie aussi bien sur le terrain qu’en dehors tant le capitaine a un rôle essentiel. Durant les cinq revers, il a pourtant tiré son épingle du jeu. 20 points contre Rouen, 10 à Aix-Maurienne, 7 contre Poitiers, 10 à Caen, et 15 contre Saint-Chamond, il y a pire comme entame.


Heureusement, le club a alors trouvé des solutions en faisant signer Zeke Moore, Hamady Ndiaye. L’arrivée de Daniel Sackey a été une autre pierre dans le jardin de Keïta qui a dû se décaler en poste 2. Les résultats positifs ont gommé la frustration et aujourd’hui Mathis retrouve ses marques. Et son sourire. « On dit que le HTV est une équipe jeune mais ce n’est pas complètement exact. J’ai trouvé des joueurs qui ont vraiment un beau QI basket et qui ne se laissent pas impressionner. Ils savent et ils le font très bien. J’essaye de transmettre car c’est dans mes veines mais franchement ils sont déjà au top. La preuve de cette expertise, c’est la réaction que l’équipe a eu après un départ compliqué. C’est une vraie marque de fabrique d’un groupe qui a des valeurs et un potentiel.»


Comment s’est fait ce mariage avec le HTV ?


« Très simplement. Jean-Louis Borg a appelé mon oncle qui est aussi mon agent. Il voulait quelqu’un d’expérience pour épauler Théo. Et j’avais peut-être envie de me rapprocher du sud, ce beau coin dont ma femme niçoise est originaire. Quand le coach a abordé le projet je n’ai pas hésité une seule seconde.»


Tes premières impressions après cinq mois sous tes nouvelles couleurs ?


« J’ai eu l’impression de débarquer dans un endroit que je connaissais. Je suis copain avec Cavallo, Niang et d’autres qui ont porté ce maillot et qui m’en ont toujours parlé en bien. Et puis j’aime la mentalité d’ici, les gens sont chantants (!), ouverts, conviviaux. Et je ne parle pas des paysages, de la qualité de vie ! La mer, le soleil… »


Comment tu te définis comme joueur ?


« Atypique ! Ma taille pour un meneur. Ma polyvalence. Et ce n’est pas un hasard si un de mes modèles est Boris Diaw qui était bon partout sur un terrain ! Cela ne m’empêche pas d’apprécier comme tout le monde Tony Parker. Mais je suis vraiment différent ! »


Tu affrontes souvent des meneurs américains en Pro B ?


« Cela ne change rien qu’ils soient américains, serbes ou français. Ils sont bons et il faut s’adapter, les contrôler et leur poser des problèmes. En ce sens, ma taille est un atout. »


Le basket a-t-il évolué depuis tes débuts ?


« Oh oui, ça va plus vite, plus haut, plus fort. Les systèmes d’attaque changent, les défenses aussi. La qualité du spectacle augmente et la Pro B en est un parfait exemple en se développant comme jamais. Quelqu’un a dit que c’était la meilleure deuxième division d’Europe, j’ai l’impression que c’est vrai.»


Zeke Moore a changé l’équipe et Hamady N’Diaye va apporter quelque chose d’important ?


« Absolument. Zeke a placé la barre du scoring très haut. Et pas que. Et Hamady va nous apporter ses 2m13 et sa science du basket. Les grands bras sont nécessaires, il a le profil qui nous manquait ! Et puis c’est une superbe personne. Tout bénéfice pour nos autres grands qui vont pouvoir s’éclater encore plus. »


Quelles peuvent être dès lors les ambitions du HTV ?


« Si on est raisonnable, on dit maintien. Si on est un peu fou et je le suis, je dis les play-offs ! J’aime regarder vers le haut et je peux dire que je ne suis pas le seul dans ce groupe. Tout en restant lucide et prudent.»


Que fais-tu quand le basket te laisse un peu de temps ?


« Je suis un bon cuisiner, un passionné mais je n’ai pas encore d’étoile ! J’adore ça comme une passion. Après c’est du classique, ciné, lecture, séries, un peu de play station. Toujours faire quelque chose pour casser la routine et occuper la tête. Et puis ici j’ai découvert ce que voulait dire prendre l’air au bord de l’eau !!! »


A 32 ans, tu as déjà envisagé la suite ?


« Beaucoup de domaines m’intéressent. J’ai demandé au syndicat une évaluation de compétences. L’entreprise ? Le basket ? L’éducation ? Coach, je ne suis pas sûr car ça veut dire le même emploi du temps qu’un joueur avec des soucis en plus. Et j’ai envie de m’occuper un peu plus de la famille. »


Ton meilleur souvenir ?


« Un match important à 27 points avec Nancy devant toute ma famille. Une soirée de rêve ! Mais heureusement, j’en ai beaucoup d’autres. »


Ta plus belle rencontre ?


« Deux garçons que j’ai connu très jeunes sur les parquets. Nikola Stojilkovic (Vanves - N2) et Jonathan Radjouki qui joue aujourd’hui au SMUC à Marseille lui aussi en N2. Deux amis depuis 15 ans qui sont mes témoins de mariage. »


Pourquoi la Pro A s’est-elle toujours refusée à toi ?


« Une question d’opportunité. Le destin m’a toujours tourné le dos au moment opportun. A Roanne, on monte avec Laurent Pluvy et je me fais les croisés le dernier match. Le coach a été remplacé par Choulet qui ne m’a pas voulu. Il y a eu d’autres rendez-vous mais cela ne s’est jamais fait. Cela restera un regret à moins que je monte avec le HTV ! »


Keïta, c’est un nom magique dans le sport français ?


« Je sais, vous voulez parler de Salif, le footballeur de Saint-Etienne et de l’OM ! Une icône au pays, un exemple, une star. Mais j’étais trop grand pour me débrouiller avec un ballon de foot et l’imiter ! »





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Mathis Keïta

Né le 15 janvier 1992 à Roubaix

1m93 - Meneur de jeu - N° 25

Marié

Parcours : Centre fédéral, Université de Gonzaga, Université d’Indiana, Evreux, Gravelines, Roanne, Poitiers, Nancy, Reims.

Au HTV depuis la saison 2024-2025

Champion de France Pro B 2019 et 2022

Finaliste playoffs Pro B 2016 et 2018

Leaders Cup Pro B 2019

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