Un HTV à l’ancienne !












Q1 | Q2 | Q3 | Q4 | PRL | ||
---|---|---|---|---|---|---|
Hyères-Toulon | 26 | 17 | 15 | 31 | - | |
Denain | 19 | 22 | 14 | 30 | - |

Le HTV décroche sa première victoire face à Denain (72-69) grâce à une défense retrouvée et un Kaiyem Cleary décisif en money-time. L'équipe, portée par son collectif, respire enfin après cinq défaites. Borg évoque un "soulagement" mérité.
Cinq matches, cinq défaites ! Série terminée ! Bonheur absolu.
Comment ne pas être touché ? Comment faire semblant de sourire ? Comment ne pas douter ? Comment oublier cette odeur de la défaite que les sportifs de haut niveau détestent par dessus tout ?
Il en faut du courage, de la conviction, du panache et même plus que ça et d’autres ingrédients pour renverser la table. Toucher à l’humain en particulier. Ne pas tricher, partager, additionner. Aider, aider, aider.
C’est ce que le HTV est allé chercher contre Denain. Une équipe bien classée avant de descendre dans le Var, une équipe qui restait sur un succès magistral sur le parquet de Pau-Orthez, une équipe qui fleure bon la grande histoire du basket français et qui veut retrouver l’élite (avant de construire une belle salle) qu’elle a si longtemps fréquentée avec un des plus grands chefs d’orchestre que le basket français ait connu, l’immense Jean Degros.
Alors les partenaires de Théo Lefebvre ont choisi le combat et l’engagement pour trouver leur salut. Les « anciens » ont montré la voie, les « nouveaux » ont répondu présent. Tout ce beau monde s’est jeté sur tous les ballons comme des morts de faim. Toutes les passes ont été contestées. Tous les rebonds disputés. La défense a sorti quelques barbelés. Le palais des sports a rajeuni de quelques mois et l’ambiance est forcément montée d’un cran pour que les joueurs du HTV se sentent moins seuls.
Greenwood et Losser ont montré l’exemple. Quand le grand Ricain secoue ses dreadlocks et fonce vers le cercle, cela peut faire des étincelles. Et des dégâts.
Quand le géant de Carnoules décide que la peinture est son domaine, il vaut mieux faire attention aux chocs qui peuvent se produire en haute altitude. Un symbole capable aussi d’enfiler les deux derniers lancers francs avec précision et délicatesse. Ah oui il pouvait faire le tour du palais, le minot dans les bras !!! Reconnaissance méritée.
Quand Knezevic prend ses responsabilités de loin ou pénètre pour déposer quelques offrandes, peu de défenseurs sont capable d’arrêter ce genre d’ouragan made in Serbie.
Quand les deux meneurs Lefebvre et Keïta additionnent leur talent et animent la construction du jeu et la conclusion avec tant d’enthousiasme, on se dit que l’équipe est en de bonnes mains. Et que même les stars américaines en opposition ont moins de confort pour faire parler leur poudre.
Ouattara, Pouaveyoun, Nweke, Botuli ne sont pas non plus les derniers pour enfiler les bleus de chauffe et se mettre au diapason. L’état d’esprit se partage. Comme une marque de fabrique. C’est ce que coach Borg et Gaëtan Etienne attendaient depuis des semaines. C’est le leitmotiv qu’ils clamaient et réclamaient.
Et puis comme souvent, comme toujours, il faut qu’un joueur signe « la » performance. Pose son talent sur le tableau.
Chahuté, saisi par le doute, en perte de confiance, Kaiyem Cleary travaillait dans l’ombre mais cherchait ses repères. Personne ne reconnaissait l’artiste qui avait donné tant d’espoirs en matches de préparation et dont le tir soyeux était un modèle du genre, la détente verticale, un vertige. Tous les observateurs avertis se pinçaient devant le spectacle d’un garçon envahi par le doute, balbutiant son potentiel et ne proposant que des passes faciles quand le jeu l’appelait à prendre tous les risques et beaucoup d’initiatives.
Contre Denain, Kaiyem-la-crème a tout oublié le temps de quelques minutes. Il a pris feu lors du money-time pour conclure de tous les coins du terrain. Pour inverser la tendance, pour bousculer une équipe qui croyait avoir presque gagné. Pour faire chanter le parquet au rythme de ses appuis. Une gâchette élégante ! Un attaquant racé. Un styliste d’une grande pureté. Le complément idoine de tous les grands combattants, ses copains. L’alchimie parfaite.
Il fallait voir la joie de toute l’équipe communiant au coup de sifflet final avec les supporters enfin heureux. Il fallait voir l’extase du gamin né en Angleterre sur la route des vestiaires. Naturalisé « minot de la rade » ! En quelques gestes il venait d’effacer des semaines de frustration et s’inventer un futur.
Le HTV a lancé sa saison. Il reste beaucoup de travail pour retrouver un classement moins stressant et jouer avec moins de pression. Mais il sait aujourd’hui qu’en étant fidèle à ses valeurs il peut jouer les yeux dans les yeux avec beaucoup d’équipes.
Le HTV est de nouveau une vraie équipe varoise. Dans le coin, dans cette terre bénie des Dieux comme le dit joliment Jean-Pierre Giran, il y a des choses à respecter, une exemplarité à avoir, des valeurs à ne pas galvauder. Le RCT en est le plus bel exemple dans son temple de Mayol où l’adversaire encaisse. La boxe des Gomis, Ruocco, Seillier, Parodi et tant d’autres aimait ces défis. Le football époque Courbis, Dalger, Onnis, Alfano, Bérenguier adorait ces éclats et cette grinta.
Le basket varois s’est construit sur ce modèle. Des Rougières au Palais de Toulon en passant par l’Espace 3000, l’histoire n’a jamais été un long fleuve tranquille pour ce peuple fier et agité. On a un peu pensé à ces belles époques en quittant la salle après la victoire contre Denain. Un joli parfum de nostalgie…
Vestiaires
Jean-Louis Borg : « On a inversé la tendance ! »
« On a battu une belle équipe de Denain après un début de saison où on était vraiment en difficultés. A 0 victoire et 5 défaites, c’est délicat de bien travailler, de progresser. Pourtant l’équipe a répondu ensemble de la meilleure des façons en sachant garder la tête haute et avec beaucoup courage pendant 40 minutes. On a réussi à les contenir collectivement, à limiter leurs joueurs majeurs et Cleary nous a fait du bien au meilleur moment, en pleine tempête quand d’autres fois on s’effondrait. On a inversé la tendance et il faut vraiment féliciter tout le monde. Le compteur est débloqué mais le calendrier proposé ne nous laissera aucun répit. Un déclic ? Je n’en sais rien mais un vrai soulagement, ça c’est certain ! On a beaucoup travaillé sans être récompensé et ce soir c’est nettement mieux. Je sais aussi que l’on a laissé beaucoup de gomme dans ce combat mais au moins, la victoire nous a récompensés. »
Ali Bouziane : « On est tombé dans le piège ! »
« Félicitations au HTV qui a réussi la même opération que nous nous quand on est allé l’emporter dernièrement à Pau. Leur victoire est méritée. Le seul petit regret que je peux avoir c’est qu’on domine dans toutes les stats mais qu’on est pénalisé 27 fois et eux 17 ! Le HTV a été physique, intense, réaliste. Nous pouvions basculer vraiment dans le haut du tableau avec une victoire et avant deux réceptions. C’est dommage. Dans le 4ème quart temps, nous faisons quelques petites erreurs et Cleary nous punit. Je le répète, c’était le match piège parce que le HTV n’était pas à son niveau. cette équipe a un vrai potentiel.»

La plume d’Yves Mérens. Journaliste sportif pendant 40 ans (Var Matin, Nice Matin, La Dépêche du Midi, L’Equipe), il a suivi tous les grands événements du sport mondial. Reconnu pour sa connaissance du basket, il a été de nombreuses années le responsable de la rubrique avant de rejoindre le club comme dirigeant et mettre sa passion au service de la riche actualité et de la belle histoire du HTV.